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il y a 4 ans
1791 - Nouvelle Orléans - Louisiane.
Rien que pour écrire ces quelques mots, il m'a fallut plusieurs jours de recherches. Nous sommes dans le silence et l'ignorance. J'ai décidé d'ouvrir mon journal, non pas pour laisser une trace dans l'histoire mais pour vous le faire lire. Le monde est devenu dingue ici. Je deviens fou également. Je suis une erreur de l'histoire, de la politique et je ne me rebelle pas par solidarité avec ceux qui m'ont recueillit, nourrit et fait vivre tout simplement.
Quelques mots de mon histoire. Fils de parents aventuriers, j'ai quitté ma France natale. J'ai eu le malheur d'avoir un père marin et une mère un peu trop rêveuse pour se satisfaire de la vie qu'on leur proposer. Ils ont voulu tout changer, une fuite vers l'inconnu comme si il représentait un espoir pour eux. J'avais 5 ans quand je suis monté sur ce bateau qui nous emmena dans le delta du Niger.
A peine arrivé, mes parents ont choisit de s'enfoncer dans la brousse locale voulant éviter le bruit qu'on tous les ports. Ils ont été recueilli dans un village composé de 3 ou 4 cases à l'époque. Deux mois plus tard, ils sont décédés, atteints par une maladie qui n'a toujours pas de nom médical. J'ai été recueilli par ce village. Je n'ai aucuns souvenirs de ma vie en France, ni de mes parents. C'est un ancien du village qui m'a raconté cette première partie de mon histoire, et peut être je ne suis même pas français, quelle importance à présent ? Tout ce que je sais, c'est que je suis blanc et il a fallut attendre 20 ans de vie en communauté avec ces nigérians pour que j'en prenne conscience. Il a fallut qu'un bateau débarque à Bonni au Calabar dans le delta du Niger pour que je prenne conscience de ma différence.
Je me souviendrai toujours de ce matin ou je fus réveillé en sursaut par le chef du village. Il m'a demandé de me joindre à deux autres personnes de mon âge pour aller voir ce qu'il se passait dans le delta.
Il fallait plus d'une demi-journée pour rejoindre le delta, nous partîmes avec quelques provisions. Arrivé la bas, ce fut un choc pour moi, j'avais l'impression de me voir dans une glace avec ces personnes qui me ressemblaient, ils avaient la même couleur de peau. Seuls leurs vêtements ridicules me faisaient prendre conscience de la différence. Ils étaient armés d'épées, de fusils. Ils débarquaient de leurs immenses bateaux 3 mats des tonnes de marchandise, des barils, des paniers en osiers, des machines en métal. Tous les chefs des villages voisins étaient présents sauf le notre considéré comme un petit village sans importance. Avec mes deux amis, nous nous étions cachés derrière une de ces cargaisons en s'approchant au plus près que nous pouvions. Nous fumes surpris par deux noirs du port.
-
Vous vouliez voler !
-
Non monsieur, nous regardions juste ce qu'il se passait sur le port.
Ces deux noirs qui étaient armés comme les blancs m'ont conduit jusqu'ici, à la nouvelle orléans.
Ils se foutaient éperdument de nos excuses, ils leur fallaient plus de 200 esclaves et cela faisait déjà 3 sans devoir courir la brousse. Rapidement, nous avions une cagoule en lin sur la tête et les mains attachées. Nous avons été installés dans le bateau toujours avec ces cagoules sur la tête. Nous sentions que le bateau se remplissait de nos compagnons d'infortune. Nous ne comprenions rien à de qu'ils voulaient. Nous avons vite compris. Un des chefs d'un village voisins est venu nous parler. Vous appartenez à ces blancs à présent, faites ce qu'on vous dira de faire pour votre bien, vos familles seront à l'abri du besoin grâce à vous, soyez en fier.
Pour le moment, je ne ressentais pas trop la fierté dont il parlait. Puis on nous enleva les cagoules et quand ce fut mon tour, le second du capitaine s'exclama. Je ne comprenais rien à l'époque de leur langue et ils firent venir un traducteur.
-
Ils demandent ce que tu fais là
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Je venais regarder ce qui se passais sur le port
Je reçus un coup de fouet dont je porte la trace encore maintenant. J'hurlais et regardais interloqué le noir qui m'avait administré le coup.
-
Pourquoi un blanc est sur ce bateau ?
-
J'ai toujours vécu dans le village au nord du delta, mes parents sont morts il a plus de 20 ans et j'ai été recueilli ici.
Le second du capitaine discutait avec le traducteur. Ils se mirent à rire et me laissèrent sur le bateau.
De longues semaines sont passées avant que nous touchions terre. Un de mes deux amis de mon village est mort de malnutrition. Nous ne mangions que des biscuits de mer, du riz et parfois des salaisons de porcs. Nous ne faisions rien de nos journées, à part se battre pour un bout de place ou nous pourrions nous asseoir. Heureusement que mon ami était là, à deux c'était plus facile pour se relayer. Et nous sommes enfin arrivé à terre.
Nous étions finalement joyeux de pouvoir quitter ce navire de malheur bien qu'inquiet sur ce qu'il nous attendait. Je me suis retrouvé seul assez rapidement. Plusieurs blancs sont venus me parler, je suppose que c'était pour me demander pourquoi un blanc se retrouvait là mais ne parlant que le langage de mon village, j'ai été traité comme les autres.
J'ai été emmené dans l'habitation du maître qui m'avait acheté. L'habitation désigne l'ensemble des bâtiments et des terres plantées en sucre ou en café. J'ai compris plus tard que les nouveaux n'étaient pas immédiatement intégrés aux anciens : nous étions logés à part pendant plusieurs mois avant de venir s'installer dans l'un des villages d'esclaves.
Dans l'habitation de mon maître, il y a en effet deux villages qui correspondent aux deux catégories principales d'esclaves. Près de la maison du maître ou grande case se tiennent les cases des privilégiés ou domestiques et nègres à « talents » (ouvriers qualifiés, sucriers, tonneliers...) avec qui les nouveaux n'avaient rien à faire. Près de la case du commandeur, celui qui dirige les esclaves, sont alignées les cases des nègres dits de culture ou de jardin.
Je me suis retrouvé avec des africains originaires d'autres nations très éloignées les unes des autres et dont je ne comprenais pas non plus la langue. J'ai vite compris que cela ne servait à rien d'apprendre toutes les langues et qu'il serait beaucoup plus simple de me mettre à la langue de mon maître. Il était français, je me disais que peut être mon père aurait pu lui ressembler. Au bout d'un an, je parlais couramment le français, j'avais appris grâce à un compagnon d'infortune assez âgé qui avait appris lui même d'un autre plus âgé. Mon maître était très âgé également et il est décédé il y a quelques mois. Une autre famille est arrivée pour prendre la place. Un homme d'une cinquante d'année environ, très dur, pour son arrivée il nous a fait fouetter pour que nous comprenions qu'il était là et pas décidé à nous rendre la vie plus facile. Sa femme semblait plus douce mais nous ne la voyions pratiquement jamais.
Par contre sa fille me terrorisait. Elle avait plus ou moins mon âge. Elle se baladait toujours dans la plantation en montant à cheval. Elle ne se gênait pas pour donner de sa cravache tant qu'elle pouvait. Je m'étais dit que si je la voyais seule une seule fois, elle aurait passé un mauvais moment. L'occasion était d'ailleurs arrivée. Elle était descendue de cheval pour se reposer près d'un arbre. Continuant mon travail dans les champs de cotons, je m'étais approché d'elle. Et j'ai surgit derrière l'arbre, la main levé prêt à lui mettre une claque pour ses mauvais agissements, je me foutais des conséquences. Vous avez levé les yeux, m'avait souri.
- Parlons plutôt... on discute souvent de toi avec mes parents... le faux blanc.
J'étais décontenancé pour une fois qu'on s'intéresse à moi. J'avais perdu l'habitude après plus d'un an de ce traitement d'esclave.
-
le faux blanc ? Maîtresse
-
oui tu n'as vécu qu'avec des noirs, c'est vrai ?
-
oui depuis l'âge de 5 ans, Maîtresse
-
tu parles bien le français, dis moi
-
j'ai appris longuement, Maîtresse
-
je vais demander qu'on te mette avec les nègres à talents. Que sais tu faire ?
-
je n'en sais rien Maîtresse
-
bon, je vais réfléchir pour tes nouvelles taches, j'ai peut être un projet pour toi. Tu serais mieux nourrit, plus de place pour dormir, tu auras des vêtements neufs plus fréquemment... cela t'intéresse ?
-
oui bien sur, Maîtresse
-
bien... mais dis moi
-
oui ? Maîtresse
-
Tu n'as plus envie de me frapper ?
-
je suis navré Maîtresse, je ne sais pas ce qu'il m'a pris
-
mets-toi à genoux et demande pardon à ta Maîtresse
Je m'exécutais prestement tout heureux de mon nouveau sort qui m'attendait, je n'en pouvais plus de passer tout mon temps dans ces champs de cotons, mes velléités de rebellions avait anéanti par cette splendide femme, je dois bien l'avouer.
- Bien, retournes au champ en attendant
Le lendemain, vous êtes venue me voir.
- Ce ne sera pas possible pour te mettre avec les nègres à talents. Mon père trouve que n'en a aucun. Alors tu resteras la.
Je n'ai pas répondu. J'étais dégoûté par les promesses de cette blanche, dégoûté de m'être mis à genou pour rien. Je me suis enfuis des le soir venu. J'ai couru tant que je pouvais pour fuir cette vie d'esclave, je me suis dit qu'en étant blanc et parlant le français, ce serait plus facile pour passer inaperçu. J'ai volé des vêtements de mes maîtres et je me suis réfugié dans une vielle ferme abandonnée. J'allais de temps en temps voler de la volaille, de la nourriture dans les maisons environnantes.
J'étais libre mais je ne savais que faire pour retourner dans mon village qui n'existait sûrement plus. Je m'étais finalement habitué à cette vie ou on me disait quoi faire et comment le faire. J'étais perdu dans ce pays que je ne connaissais pas en dehors de la plantation. Quelques semaines se sont passées pendant lesquelles une révolte à eu lieu dans la plantation mais les blancs étaient mieux armés. Plus de 50 esclaves ont périt et près d'une dizaine de blancs. Je me demandais souvent si vous aviez périt dans cette révolte. Vous m'aviez fasciné des que je vous avais vu, j'étais apeuré mais attiré en même temps. Je n'arrivais pas à comprendre la raison. Je dormais toujours dans cette vieille ferme, tranquillement à l'abri des regards, du moins je le pensais. Ce matin là, je fus réveillé par votre cravache sur mes épaules.
-
toujours en fuite, le faux blanc ?
-
mais comment vous m'avez retrouvé ?
-
je savais que tu étais là depuis le début ou voulais tu aller sinon ? Je suis passée de temps en temps voir si tu étais resté, je vois que c'est encore le cas, pas envie de profiter de ta liberté, esclave ?
-
je profites, mais c'est vrai que je ne suis pas heureux de cela, mon pays est tellement loin, je ne comprends rien ici..
-
Mes parents ont pris peur de la révolte, ils m'ont laissé à la tête de l'habitation en repartant chez eux. Je peux mettre à exécution le projet que j'avais pour toi. Veux tu revenir à mon service ?
-
pour retravailler dans les champs ? Maîtresse
-
non, tu ne seras là que pour m'exciter et réaliser mes fantasmes.
-
pardon ? Maîtresse
-
oui autant être clair, cette vie ne me met plait pas plus qu'à toi. Alors autant trouver des distractions comme on peut. Et puis je suis certain que tu pourras m'amuser.
-
Mais je ne connais pas les désirs d'une femme blanche, Maîtresse
-
ne t'inquiètes pas pour cela, je t'apprendrais et de plus tu seras bien traité pour être en forme pour mes projets. Acceptes-tu ?
Etrange femme aux désirs encore plus étranges. Pourquoi moi alors qu'elle pouvait avoir les hommes qu'elle souhaitait. Peut-être qu'elle désirait simplement avoir un homme qui avait déjà connu la servilité, qui comprendrait mieux que personne que tout acte entraîne une conséquence. Une relation simple ou ses désirs ne seraient pas contrariés parce que j'aurais accepté qu'elle soit ma Maîtresse, celle qui me montre, ou toutes conversations ne seraient que pleurnichements donc inutiles.
De part ma vie passée et celle que j'avais vécu en tant qu'esclave et celle encore plus récente de liberté, j'avais compris que je ne désirais que des choses simples comme l'accomplissement de mes besoins primaires : manger, dormir, boire et sexuels. Le reste m'importait peu. Cette magnifique femme me demandait de lui servir d'esclave personnel, je ferais tout pour la servir afin d'obtenir ce que je souhaite, la tranquillité.
-
Oui Maîtresse, ce serait un honneur pour moi de vous servir.
-
bien, commençons de suite. D'abord, je ne veux plus t'entendre, plus un mot pendant le temps que je souhaiterais.
........
Vous vous êtes assise sur le rebord d'une fenêtre de la vielle ferme qui m'avait servi de refuge pendant ces dernières semaines. Vous avez tendu votre cravache vers vos bottes.
- Lèches mes bottes, comme un bon chien que tu vas devenir.
Je fus surpris par cette appellation, comme si j'étais un chien. Je n'en étais pas là tout de même. Après quelques secondes de réflexion, j'étais fasciné par ces bottes. Ce bout de cuir si luisant, si magnifique. J'avais enfin de le toucher, de le sentir sous mes doigts. J'étais attiré par cette matière. J'avais envie de la goûter, de la sentir sous ma langue. Alors pourquoi lutter ? Pourquoi ne pas accepter ses envies ? Pourquoi ne pas goûter ce cuir si attirant façonné en deux magnifiques bottes donnant à ma Maîtresse un statut supplémentaire ?
Même si il fallait que je sois traité comme un chien, je me mis à genou et la langue pendante j'allais assouvir aussi bien mon envie que celle de ma Maîtresse. Un désir complémentaire, un moment fusionnel décalé par rapport à une norme qui donne à notre acte une valeur extraordinaire de partage. Je me suis mis à lécher comme un fou, vous avez ri de ma soudaine motivation mais je continuais, plus rien n'importait, j'étais ailleurs, hors du temps. Je n'avais plus le sentiment d'être un esclave parce que je ne voyais pas ce geste comme un acte d'humiliation. Je me laissais simplement aller à satisfaire une envie. Et je vous admirais, je vous respectais parce que vous me laissiez faire, vous m'encouragiez à cet abandon. Pour une fois dans ma vie d'esclave, j'avais l'impression d'être respecter parce que je ne faisais pas semblant, je ne sentais pas de la moquerie de votre part mais du respect parce que le plaisir que je vous procurais n'était pas déterminé par ma culture, mon éducation mais par votre envie. Je ne faisais qu'assouvir vos désirs même si ils auraient pu me déplaire.
Je dois avouer que je fus surpris moi même par ma réaction. Le plaisir que j'ai pris me laissa abasourdi. Et quand je repris mes esprits, j'ai eu un mouvement de recul qui ne dura qu'un instant. J'ai compris par le plaisir que j'ai pris que plus rien n'importerait dorénavant, que seules vos envies seraient prises en compte. J'étais votre esclave non pas parce que vous aviez le pouvoir d'assouvir mes besoins primaires mais parce que j'avais pris du plaisir à vous servir. J'avais pris du plaisir à vous montrer ma docilité, mon asservissement et dorénavant j'essaierais de vous le prouver à chaque instant.
Vous avez attaché une corde à mon cou et êtes remontée sur votre cheval pour retourner à l'habitation. Je courrais à coté de vous la corde au cou et j'étais heureux de ce fait. J'allais pouvoir servir enfin à quelque chose dans cette vie, j'avais un but : vous faire plaisir, réaliser vos fantasmes.
Arrivé à la plantation, vous m'aviez attaché à la barrière menant à votre maison. Des noirs sont venus me voir, me regardant avec pitié parce qu'ils croyaient que j'avais été repris de force et j'allais être exécuté comme tous les esclaves qui tentaient de s'enfuir. Je leur ai dit avec le sourire que c'était moi qui avait choisit ma nouvelle condition, que j'avais choisit de redevenir esclave mais seulement pour satisfaire les désirs de ma Maîtresse. Ils sont repartis résignés, comme si une énième fois un blanc les avait déçus. Je me sentais coupable par rapport à eux. J'avais l'impression d'avoir abandonné mon combat pour la liberté et de les avoir abandonnées.
Surtout lorsque vous êtes revenus avec une sorte de petite selle. J'ai compris rapidement qu'elle avait été conçue pour un homme et non pour un cheval.
- Mets cette selle ! Et mets-toi accroupis dès que c'est fait.
J'appliquais les harnais autour de mon cou. J'attachais les sangles autour de ma poitrine. Me mis en position.
Vous êtes montés sur mon dos. Les travaux dans les champs m'avaient fortifiés et je me mis debout assez facilement. Vous aviez chaussés de magnifiques éperons que je pouvais sentir sur mes flancs. J'avais mes mains qui vous servaient d'étrier. J'avais à nouveau contact avec le magnifique cuir de vos bottes.
- Allons faire un tour dans la plantation que tes amis voient que tu es revenu et que tu as une nouvelle fonction maintenant.
Nous nous baladions à travers les champs. Vous me demandiez à coup de cravache et d'éperons de me diriger vers certaines personnes que je connaissais qui vous semblaient manquer de zèle dans leur travail. Je voyais ces malheureux se faire battre. Mais je ne disais rien, je me dirigeais simplement vers eux. J'étais conscient de ma chance.
Vous m'aviez attribué un box à côté de vos chevaux. J'ai compris rapidement que je n'aurais qu'une seule fonction celle de monture et les jours de chance, je pourrais goûter à nouveau à vos bottes...
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